Rencontre avec Franck Scholtes, producteur du Rucher des 3 M’s

En ce froid mercredi de janvier, Franck Scholtes, notre producteur du Rucher des 3 M’s, nous a accueillis chaleureusement chez lui pour nous parler avec passion de ses ruches, de ses abeilles et de son miel !

D’une passion développée en parallèle de son activité professionnelle, Franck en a fait depuis un peu plus d’un an un véritable métier. Valcoop est heureux de pouvoir profiter de sa production de miel aux nombreuses saveurs : Miel de forêt, Miel toutes fleurs, Miel  de Tilleul …

En plus de son rucher à Champs sur Marne, il dispose d’une cinquantaine de ruches réparties en Seine-et-Marne. Et sa pratique est guidée par un profond respect de la nature et des abeilles. Une phrase qui est revenue régulièrement lors de notre entretien : « c’est la nature qui décide ! ».

En voilà, une philosophie tout à fait en accord avec nos valeurs à Valcoop : allier le goût et la santé.

Valcoop : Quand avez-vous commencé votre activité ?

Franck : Au début c’était une passion, en parallèle de mon métier dans l’informatique. Depuis octobre 2019, j’ai décidé de me reconvertir dans le miel. J’ai commencé à avoir mes ruches en 2010 /2011. J’ai développé petit à petit, j’ai créé ma miellerie. Avant je faisais tout dans ma cuisine, au grand malheur de madame parce que du miel, quand on commence à en faire il y en a partout …Maintenant je suis en statut de « micro-BA », c’est un régime particulier pour l’apiculture. C’est un statut très avantageux pour encourager l’installation. En France, on consomme entre 50 et 60 000 tonnes de miel par an et on en produit 15 000 tonnes. Donc on doit importer, surtout de la Chine et des pays d’Europe l’Est. Il n’y a pas assez d’apiculteurs.

Valcoop : En quoi consiste le travail d’apiculteur ?

Franck : Il faut savoir qu’un apiculteur est super chargé de mi-mars à fin juillet. Le reste du temps, on ne fait pas grand-chose, on prépare la saison suivante. La sortie de printemps c’est la météo qui décide. L’hiver on vérifie le poids des ruches pour vérifier si les abeilles ont assez de nourriture pour passer l’hiver et si non, on leur met un pain de Candy. Ça c’est une nourriture qu’elles ne stockent pas, qu’elles consomment par sécurité. […] on leur met ça s’il y a un problème de poids. On soupèse quasiment tous les 15 jours. […]  Quand la luminosité augmente, les pontes reprennent. Alors ça ne reprend pas en masse comme au printemps, au mois de mai ou mars/avril. […]. Il faut savoir qu’une reine au mois de mai pond 2000 œufs par jour. […] . Ça reprend crescendo en fonction de la lumière et de la chaleur et c’est la nature qui décide !

Mais généralement, de mi-mars à fin juillet, en tant qu’apiculteur, on est toujours occupé. Là, on visite les ruches, on vérifie leur état sanitaire et si la reine a repris la ponte… On équilibre aussi les ruches entre elles. Quand une ruche a trop de couvins [les couvins en apiculture, ce sont les « bébés abeilles »] on prend un cadre, on vire toutes les abeilles, on transfert le cadre dans une ruche qui est faible, comme ça on équilibre les forces des ruches. On vérifie que la nourriture est adaptée pour le développement de la ruche.

A partir de début février, selon la météo, selon le froid, c’est là que les pontes commencent à reprendre sérieusement. Et il faut qu’on ait une population assez importante pour qu’on puisse lui mettre une « hausse » [surélévation de la ruche pour récolter du miel] et  là elles commencent à faire du miel pour nous. Sinon, c’est pour elles et tant que la ruche n’est pas assez forte pour accepter une hausse, on ne leur met pas. […]  Une hausse, c’est à peu près 15 kilos de miel. Certaines ruches ne produisent pas pour plusieurs raisons : une défaillance de l’emplacement, de la reine, de la souche…

Dans une ruche, il y a 10 cadres et il faut qu’il y ait des abeilles dans tous les cadres et du miel sur une grande partie et là on peut poser la « hausse ». Normalement, on arrive à poser les « hausses » à partir de mi-avril, uniquement sur des ruches qui peuvent l’accepter.

En 2020, la moyenne était de 50 kilos de miel par ruche. Ca dépend des années. En 2019, c’était 23 ou 24 kilos/ruche et en 2018, c’était 60 à peu près. […] Je fais une récolte fin mai à peu près. Cette année on l’a fait le 10 mai, ce sont les conditions météo qui décident, ce n’est pas moi. Il faut savoir qu’une ruche est forcément touchée une fois par semaine.

En 2018, c’était de la folie ! On posait des hausses à miel toutes les semaines sur les ruches, tellement on avait des miellées fortes. On avait une nuit pas trop froide, avec une petite pluie fine et le matin un beau soleil qui chauffait bien alors là on avait du miel à foison.

J’ai été choqué quand j’ai commencé l’apiculture parce qu’un apiculteur m’a dit, « moi je récolte jusqu’à septembre – octobre ». Je lui dis « ah bon mais comment les abeilles, elles passent l’hiver ? ». «  C’est pas grave, je mets du sucre, j’enlève tout le miel et à la place je mets du sucre ». Je lui demande « mais pourquoi tu fais ça ». Il me répond « c’est simple, un kilo de miel c’est beaucoup plus cher qu’un kilo de sucre donc ça me rapporte plus d’argent ». Un kilo de sucre c’est 57 centimes et un kilo de miel c’est 16 euros. Mais là on  ne respecte pas l’abeille.

Donc nous on récolte fin mai et fin juillet. Et fin juillet, les ruches sont sans hausse. Elles ont une période difficile à passer, la fin août car il y a la canicule et il n’y a pas grand-chose à manger. Et au mois de septembre, elles récupèrent un maximum sur le lierre.

Planning annuel de l’apiculteur

Valcoop : Et les périodes de grosse chaleur, caniculaire, ça ne pose pas de problème ?

Franck : Ah si, parce que la plante se met en sécurité. Comme c’est une canicule avec une forte chaleur, la plante ne sécrète plus de nectar, elle garde son humidité pour elle donc les abeilles n’ont plus rien à manger.

Valcoop : Et la chaleur dans la ruche, elles arrivent à maintenir la bonne température ?

Franck : Ah oui ça très bien. Elles ventilent. La nuit, près d’une ruche, on entend un bruit perpétuel c’est les abeilles qui ventilent et qui assèchent le miel. Les abeilles ça ne dort jamais, à part l’hiver. Ça bosse jour et nuit, au mois de juillet à 6h du matin, elles sont déjà au boulot.

Valcoop : Et lors des grosses chaleurs, les abeilles ne risquent-elles pas de manquer d’eau ?

Franck : Non parce que je fais attention de positionner mes ruches pas loin d’une source d’eau naturelle. [..]. Il y a toujours un point d’eau quelque part. Il ne faut pas non plus, moi je ne rentre pas dans ce système là de diriger l’abeille. C’est plus l’abeille qui me dirige moi que l’inverse. Il faut bien choisir son endroit, mais faire toujours de l’assistanat par rapport à l’abeille c’est pas toujours bon, c’est pas naturel. […] Il faut que le point d’eau soit idéalement à une cinquantaine ou une centaine de mètres. Une ruche consomme a peu près 150 litres d’eau par an.

Valcoop : Quelles sont les utilisations possibles du miel ?

Franck : Pour la gorge déjà et tout le monde le met dans une boisson chaude, mais c’est une grave erreur. Dépasser 40 degrés, vous détruisez les propriétés du miel. Vous ne détruisez pas le goût mais toutes les propriétés. Déjà, le miel contient un antibiotique naturel, l’inhibine que l’abeille met quand elle opercule sa cellule de miel. Et tout cela se désagrège quand vous dépassez 40 degrés. Donc il faut le prendre à la cuillère et le garder 4 à 5 minutes en bouche, pour que ça rentre par tous les capillaires. Là vous commencez à soigner votre mal de gorge.

Sinon, le miel,  je sucre tout avec, je n’ai plus de sucre blanc. J’ai pris un bol de fromage blanc à midi, j’ai mis du miel. Qu’est ce que je vais acheter du sucre blanc chargé de néonicotinoïdes ! […]

Le pollen dans la ruche, c’est la protéine. Le pollen aussi ça se mange, c’est délicieux et bon pour les défenses immunitaires. Moi je préfère le pollen au miel. C’est sensationnel, vous ne pouvez  pas savoir le bien-être pour l’être humain. Là je n’en n’ai plus  mais quand j’en mangeais une cuillère tous les matins, j’étais super en forme. C’est génial. Il ne faut pas le prendre séché mais congelé..[…]

Valcoop : quels sont les différents types de miel ?

Franck : Il y a deux manières de voir. Le fait de faire des miels mono-floral. Le miel mono floral, par exemple un miel d’acacia, on se débrouille pour avoir des hausses vides de miel en début de floraison. Donc on surveille la floraison de l’acacia. Et en fin de floraison, on sort le miel d’acacia, avant qu’il soit mélangé avec autre chose. Ça c’est la théorie, en pratique c’est très compliqué. Parce qu’il n’est jamais pur d’acacia. Après, il faut goûter. Par exemple, à la dégustation, un miel fort en tilleul sera classifié tilleul. Si les ruches sont en forêt, c’est un miel de forêt, si elles ne sont pas en forêt, on considère que c’est du miel toutes fleurs. Maintenant mettre un nom sur un miel, c’est compliqué. Moi celui que je préfère c’est le « toutes fleurs » car il y a plusieurs diversités de nectar donc des propriétés plus intéressantes. Il est plus riche.

Valcoop : Pour finir, pourquoi avez-vous choisi de travailler avec Valcoop ?

Franck : Valcoop travaille sur ma région, ma ville et le but de Valcoop, c’est d’avoir des producteurs près des gens et de la vente en quasi-directe. Pour l’instant, cela se passe très bien. On attend le magasin avec impatience. Là avec la Covid, ce n’est plus possible, mais j’aimais bien être présent pour les groupements d’achats. Pour ma première vente Valcoop, en septembre, j’ai converti trois personnes au miel. Les personnes me disent qu’elles n’aiment pas, je leur dis « venez gouter du miel ». Elles me disent « Mais c’est ça du miel ??? » et elles sont reparties avec un pot. A force de manger « de la merde », les gens ne savent plus ce que c’est du bon miel ! »

Une dernière phrase qui correspond parfaitement aux valeurs défendues par les Valcoopers : Manger de bons produits, locaux et respectueux de la nature. Et le miel de Franck est excellent et à Valcoop nous avons la chance de pouvoir en bénéficier à chaque groupement d’achat et bientôt au magasin !

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